Conflit STMicroelectronics : silence, il n’y a rien à lire !
Montrouge magazine se fait généralement l’écho des splendeurs de la ville lorsque des initiatives dignes d’intérêts sont citées dans la presse. Notre magazine local relaiera-t-il la manifestation du mardi 9 mars 2004 des 150 salariés devant le siège de STMicroelectronics situé Porte d’Orléans ? On en doute. Et pourtant, les médias (Le Parisien, France Inter) ont permis à Montrouge d’avoir une couverture journalistique inespérée.
Des incidents entre salariés et forces de l’ordre ont éclaté devant le siège de STMicroelectronics, pendant que se déroulait un comité central d’entreprise au cours duquel la direction de cette entreprise a confirmé la fermeture de l’usine de Rennes. Montrouge est certes "une ville où il fait bon vivre", comme aime le répéter notre Maire. Il n’en demeure pas moins que les problèmes de délocalisation et de fermeture d’entreprises ont une réalité concrète. Y compris à Montrouge. Mais là encore, peu de chance de voir ce genre d’information dans notre bible locale. On ne chatouille pas une taxe professionnelle quitte à faire l’impasse sur certains faits dans Montrouge magazine.
Groupe franco-italien, dont l’Etat français détient plus de 16% du capital, leader mondial pour le développement et la réalisation de solutions sur silicium, numéro un européen des semi-conducteurs, STMicroelectronics (un peu moins de 10 000 salariés en France) souhaite arrêter la production des plaquettes six pouces du site de Rennes pour fin mars 2004. L’objectif de délocaliser cette production vers l’Asie est des plus explicite. On imagine les répercussions sur la totalité des salariés concernés, dont 428 sont en CDI ! Sans parler des dommages collatéraux (sous-traitance, emplois de proximité, développement local...).
Trois salariées de l’usine de Rennes avaient observé une grève de la faim pour réclamer une amélioration du plan social proposé par la direction. Mardi 9 mars, les incidents ont opposé les forces de l’ordre à quelque 150 salariés venus de Bretagne pour manifester devant le siège du groupe, boulevard Romain Rolland (source : AFP). Le site des rennais en lutte pour leurs emplois (TQM Losers) précise : "Les forces de l’ordre ont fait usage de grenades lacrymogènes et ont procédé à plusieurs charges, afin de maintenir les manifestants à distance. Les manifestants ont alors bloqué la circulation sur la RN 20 et tenté de perturber l’accès à l’autoroute du Sud avant d’en être écartés par les forces de l’ordre." Un mouvement qui s’est ressenti bien au-delà de Montrouge.
En 2002, STMicroelectronics a réalisé un chiffre d’affaires net de 6,32 milliards de dollars et un résultat net de 429,4 millions. Le jour même de cette manifestation, la fiche de cotation de l’entreprise parue sur le site du figaro indiquait que "son action aligne une troisième séance de baisse d’affilée, -2,3% à 20,67E".
Après les salariés, ce sont les actionnaires qui ne vont pas être contents !
Pour en savoir plus sur ce conflit social :
> Le forum de discussion des salariés
> TQM Losers, site des rennais en lutte pour leurs emplois (à chaque connection sur la page d’accueil, une fiche d’un-e salarié-e « sacrifié-e »)
> Des photos du conflit de Thomas Bregardis - Septembre 2003.
> Les photos de la manifestation du 9 mars 2004 à Montrouge