Alors, Caisse qu’on fait ?
Deux petits points à l’ordre du jour : une "Admission en non valeur" pour un montant de 1304,82 €, un « Divers » énigmatique. De quoi faire déplacer, un mardi 7 décembre à 18 h, près d’une vingtaine d’administrateurs. Cherchez l’erreur !
Si la démocratie est un exercice difficile, elle se vit dans différentes instances représentatives. Y compris lors d’un Conseil d’Administration de la Caisse des Ecoles.
Caisse que c’est ?
Comme le stipule l’article premier de ses statuts, la Caisse des écoles de Montrouge a pour objectif de "rendre l’école communale, qui est à la base de l’éducation nationale, toujours plus attrayante et plus agréable aux enfants et de concourir au développement de l’instruction par tous les moyens jugés utiles par le conseil d’Administration." Pour être souscripteur, rien de plus simple : verser son obole (minimum 1 €) auprès du service enseignement de la Mairie. La cotisation vaut pour l’année civile en cours. Une Assemblée générale annuelle permet de désigner 11 membres élus au Conseil d’administration en plus des 10 membres issus du Conseil municipal, "de l’Inspecteur primaire et de l’Inspectrice des écoles maternelles", d’un représentant du Préfet, et du Maire en qualité Président de la Caisse. Une réunion trimestrielle est généralement tenue par ce Conseil. Le mandat est d’une durée de trois ans. Sauf mort prématurée ou abandon volontaire.
Une caisse vide ou presque
La Caisse des écoles est une vieille dame. Autorisés par un arrêté préfectoral de 1868 et réactualisés par un décret de 1968, les statuts emploient des termes de l’ancienne France dans son article fondateur : "faciliter la fréquentation des écoles communales par l’organisation des cantines scolaires et par l’allocation aux élèves nécessiteux fréquentant ces écoles, de vêtements, chaussures et repas chauds ; contribuer aux dispositions relatives à la santé des enfants par l’application de mesures hygiéniques et leur envoi en colonie de vacances ; encourager par des récompenses tous les élèves indistinctement y compris ceux des cours d’adultes ; organiser des fêtes, récréations et excursions scolaires (...)."
Or, depuis mars 2003, la caisse s’est vidée de sa substantifique moelle. Ne reste plus qu’à ronger les os... Initialement gérées par le Conseil d’administration de la Caisse des écoles, la restauration scolaire (fourniture de repas chauds et froids, modalités de tarification, choix des prestataires, contrôle d’hygiène alimentaire...) et l’organisation des séjours pour adolescents relèvent désormais de la Ville par opération de "transfert des compétences". En guise de compensation, la caisse des écoles conserve le don de vêtements, l’organisation des festivités récurrentes (arbres de Noël, cadeaux...) et une action d’initiation musicale dans les écoles... Autant dire la menue monnaie.
Comme la municipalité assurait la majorité des fonds de la Caisse (des écoles), l’opération s’apparente logiquement à un transfert de ligne comptable. En invoquant une "simplification des services liés à l’enfance et pour une plus grande cohérence", l’argumentation d’harmonisation voire d’optimisation municipale omet un élément important : la place des parents dans les décisions relevant de leurs rejetons.
Cette "reprise de compétences par la Ville" (prise serait d’ailleurs plus juste) étant intervenue quatre mois avant de nouvelles élections au Conseil d’Administration de juin 2003. Simple hasard du calendrier.
On en...Caisse ?
Mais au fait, qui sont ces honorables administrateurs ? On y retrouve, pêle-mêle, des ex-institutrice, directeur d’établissement scolaire, professeur, présidente d’une association de quartier, administratrice depuis 25 ans... A minima, la Ville assurait-elle un lien intergénérationnel. Et puis les petits derniers (depuis l’élection de juin 2003) : les multicartes (associations de parents d’élèves, membre de partis de l’opposition, militants associatifs...), les électrons libres, les innocents...
Retour à la plénière du 7 décembre 2004. Instantané d’une séance ordinaire : un pupitre de personnes n’intervenant quasiment pas, peu de débats de fond, juste une présence protocolaire, des retrouvailles entre connaissances de bonnes familles, histoire d’assister à son petit théâtre du mardi soir. Fermez le rideau. Sauf pour les rares protagonistes qui croient en une participation active, citoyenne, critique et constructive. Ceux-là sont vus au mieux comme des empêcheurs de tourner en rond, au pire comme des emmerdeurs. Dès lors, le « Divers » de l’ordre du jour devient un fait divers où l’on questionne, soumet des réflexions, émet des propositions... Avec la dérangeante impression que cela ne sera pas suivi de faits !
Cette histoire de caisse n’est pas noire mais pas claire non plus. Tant que des parents n’investiront pas massivement cette institution locale [1] pour y développer des actions ambitieuses et concrètes, le ronron quotidien de la Caisse perdurera. Un projet de modification des statuts est en cours. Souhaitons-lui une cure de rajeunissement. Pour le plus grand bien des enfants.
[1] Les prochaines élections auront lieu en juin 2006.