Quartiers d’avenir
Bienvenue à Montrouge. Bienvenue dans un monde moderne. L’eau y est pure, les oiseaux par milliers et notre équipe municipale est au petit soin. Regardez nos panneaux comme ils sont beaux. Les petits fours sont à la sortie et le champagne coule à flot. Nous sommes bien au coeur de la Cité administrative. Tout y est merveille. Jeudi 3 février 2005, 20h30 passées. L’habitant distrait croyant assister à la réunion co-organisée par le PS, le PC et les Verts pourrait tomber des nues s’il ne s’était trompé d’étage. La soirée d’accueil des nouveaux montrougiens étant au premier étage, celle d’une toute autre réalité, au second. Salle du tribunal, un jury populaire débat sur une problématique énigmatique : « Quel avenir pour nos quartiers ? ». Une mobilisation de la gauche locale [1], somme toute réussie. A renouveler plus souvent.
Gauche PLUrielle
Catherine Levert, secrétaire de la section du Parti socialiste de Montrouge, prévient illico : « l’acoustique est exécrable. » Et au premier étage comment était la sonorisation ? La soirée se veut une « réunion d’information et d’échange ». Sous une dalle imposante sur laquelle est gravée un lex majuscule, au pied de la tribune, à hauteur du public, un parterre de personnalités politiques locales : Mesdames Joëlle Lasserre (PS) et Carmélina Di Pablo (Verts), Messieurs Wilfrid Vincent (PS), Jean-Michel Fiet (PS), et Patrick Robineau (PC).
Une belle brochette pour critiquer l’attitude de la Mairie en place concernant son Plan Local d’Urbanisme (PLU) et sa politique de démocratie locale. Une belle occasion de rejouer la gauche unie. Hors période électorale.
Toujours et encore
Wilfrid Wincent se lance dans une explication sur le périmètre d’étude du centre ville. Pimente son intervention par une anecdote concernant deux appels d’offre passés au bulletin officiel des marchés publics qui auraient entrainé une sanction professionnelle à un agent territorial suite à une erreur de publication. Poursuit sur les projets de la Mairie concernant l’église Saint-Jacques. Un triptyque peu catholique : une rénovation (mais jugée coûteuse), ou alors sa démolition puis sa reconstruction sur la moitié de sa surface ou, encore plus fort, un projet (abandonné) de démolition et de reconstruction sur le site de Schlumberger. Afin de concurrencer le complexe qui pousse à la Vache noire d’Arcueil, l’implantation d’une galerie commerciale justifierait le choix de l’une des options. D’autant qu’une interconnection se ferait avec le prolongement du métro, sortie « Mairie de Montrouge » prévue pour 2006 ou 2007 selon des sources divergentes. A situation pas claire, s’ajoute la vente, en décembre dernier, du site de Schlumberger à un investisseur américain [2]. Or, dans le schéma actuel du PLU, la petite couleur verte qui symbolise le parc de 4 hectares du site ne figurerait pas. Une erreur de chromatique sûrement ! Quid en tout cas de la préservation de ce parc paysager et d’une limitation des hauteurs, si nouvelles constructions devaient se réaliser.
Stop ou encore ?
A problèmes multiples autant charger la barque : l’intercommunalité avec Châtillon. Outre le fait que notre orateur socialiste flaire une connivence partisane entre partis de droite (UMP pour Châtillon et UDF pour Montrouge) sous couvert d’affinités géographiques [3], Wilfrid Vincent pointe le transfert de compétences des ZAC vers cette nouvelle communauté de communes. Le tableau s’assombrit. A l’antipode bleuâtre du discours de bienvenue qui a du se tenir au premier étage. La réalité des uns n’étant pas celle des autres. Et de poursuivre sur le manque de stratégie globale de la Mairie, sur sa « méthode de concertation » se contentant du strict minimum légal (une enquête publique), sans offrir de véritables espaces de participation des habitants. Jamais une personne absente n’aura été aussi présente : le Maire himself.
Questions réponses
Puis vint la partie des questions réponses. Les questions fusent. Par vagues successives. Dans tous les sens : la nécessité d’un projet d’ensemble pour Montrouge, l’installation de conseils de quartier pour favoriser l’expression des habitants, la possibilité de se procurer l’étude prospective sur la ville réalisée par le cabinet Codra, l’emploi sur Montrouge, les difficultés du commerce de proximité, la durée des travaux du métro, la standardisation architecturale des ZAC... Wilfrid Vincent note les séries d’inquiétudes et les interrogations perspicaces. Répond à la volée. Marque des points. Jeu, set et match.
Mauvais trip
Et soudain, l’auditeur (im)pertinent se remémore le fonctionnement des réunions de quartier de notre premier Magistrat à travers le jeu des questions réponses. Un sentiment de déjà vu. D’autant qu’en fin de soirée, la fatigue aidant, Patrick Robineau réclame son temps de parole, fiche de discours à la main. Suivi de l’intervention de Jean-Michel Fiet qui n’était pas venu pour ne rien dire. Non pas que le contenu soit inintéressant, juste des propos répétitifs sur des thématiques déjà abordées : le manque d’information des élus de l’opposition pour la préparation du Conseil Municipal, l’uniformisation des ZAC, les problèmes de logements sociaux, l’emploi, les difficultés de financement du métro, l’affaire de l’Eglise... Heureusement que "Les Verts" se sont abstenus. Et d’entendre un voisin inconnu s’impatienter : « Ces élus ont du mal à accepter que c’est un débat. Ils sont obligés de faire un discours. » Difficile de se débarrasser de ses vieux démons. Un jour viendra, peut-être...
Action man
A la question « Quel avenir pour les quartiers ? ». Des informations non relayées par le canal municipal officiel. Beaucoup de critiques. Peu de réponses. Pas de perspectives identifiées. Pas de projets alternatifs.
Le mérite est d’avoir soulevé la problématique, d’avoir provoqué le débat. Quelques pistes tout de même : inciter chaque habitant à rédiger ses commentaires sur le registre de l’enquête publique, investir les réunions publiques, organiser des pétitions [4], un engagement de l’élu socialiste à communiquer les éléments d’information de l’étude Codra « quand on en aura connaissance. »
Et puis deux actions concrètes sorties tout droit de la salle. L’une organisée par les unions locales des syndicats CGT 92 et FO Montrouge à propos d’une pétition sur la préservation des emplois [5]. Et l’autre, l’annonce de la création d’une association citoyenne (Particip’actif) centrée sur les questions d’aménagement urbain et de cadre de vie [6]. Gageons que les forces de la gauche montrougienne continueront à proposer, collectivement, des espaces de débats thématiques. Ne serait-ce que pour une complémentarité constructive, la mise en oeuvre d’une démocratie participative, une lisibilité politique qu’une "autre ville est possible". L’étape suivante consisterait à co-construire des alternatives précises [7] afin de faire des contre-propositions aux projets de la municipalité actuelle.
Bienvenue à Montrouge où les choses commencent à bouger. Bienvenue aux habitants qui souhaitent s’approprier leur ville...
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[1] Une centaine de personnes selon les organisateurs, une soixantaine selon la Police.
[2] Voir l’article "Carlyle investit Montrouge".
[3] Il est vrai que les communes limitrophes Bagneux et Malakoff sont bien plus éloignées. Communistes, en effet.
[4] Le cas de l’abandon de l’inversion du sens de circulation de l’avenue de la République en est un bon exemple.
[5] Il reste 900 emplois sur le site Schlumberger peut-être menacés par le rachat de l’investisseur américain spéculant sur du locatif privé avec abandon progressif des locaux commerciaux financièrement moins rentables. En outre, la délocalisation de Timing au Maroc risque de supprimer environ 200 emplois. Voir l’article "Timing Montrouge : compte à rebours pour une délocalisation annoncée". La société Ela Médical s’apprêterait à licencier 70 personnes.
[6] Lire l’article de présentation de l’association "Particip’actif, le temps de l’action" et l’interview d’Etienne Lang, responsable de l’association, article "Quand Particip’actif participe...".
[7] par exemple sur l’aménagement du centre ville avec une vision globale, sur le quartier Est...
comme aurait dit Colluche, rien, moins que rien dans cet article.
Démocratie participative, mais faîtes des propositions, que diantre, au lieu de vous lamenter à longueur d’article sur ceci et sur cela. On a compris vous êtes de gauche mais n’avez aucun projet réalisables à proposer alors le plus simple est de critiquer et de persiffler, et vous voyez il y a toujours des suiveurs...
oué, moi j’crois que vous êtes de droite part contre ... et Coluche s’en tirait très bien tout seul avec une seule "l" pour enlever les débats ;))