Ces squares qui cachent la forêt !
Mars 2003. Deux ans, mois pour mois, après l’apparition des Verts sur le plan local et d’un courant environnementaliste au sein de chaque parti politique, la Mairie de Montrouge, sous la houlette de son maire, diffuse à 30 000 exemplaires une brochure intitulée "Promenade dans les squares de Montrouge". Jean-Loup Metton, directeur de la publication, signe un éditorial environnementaliste qui nous ferait presque oublier les forêts d’immeubles montrougiennes ! Si l’idée est louable, la stratégie de communication est plus perfide. Faire connaître aux habitant-e-s les 15 squares parsemés dans Montrouge est, en soi, intéressant. Cette information permet de découvrir des lieux insolites, voire insoupçonnés. Mais derrière les allées parsemées de botanique se cache une réalité particulière des espaces verts. Invitation à une promenade plus critique. L’ironie en guise de bouquets de fleurs.
Les photographies sont agréables. Les cadrages valorisants. Contre-Plongée pour l’impression de grandeur, plan large pour les sensations d’espaces. Les clichés sélectionnés ensoleillés. A croire qu’il fait toujours beau à Montrouge.
Le trompe l’œil n’est pas loin. Que se cache derrière le mur blanc au milieu de la photographie du square du 75 avenue de la rue de la république ? Peut-on qualifier de square un lieu de passage, arboré d’immeubles, sans banc, qui plus est, construit dans le cadre d’un projet de ZAC (square des Combattants d’Afrique du Nord) ? Quant au square Maurice Arnoux, il fait pitié par sa vétusté et son environnement bétonné. Certes, à Montrouge, le béton, on connaît. Quant au square de la rue Gabriel Péri, on croirait à une ronde de prisonniers !
Le papier est glacé. Presque froid. Après lecture attentive de l’image, c’est carrément le vide sibérien qui domine. Les squares sont sans âmes. Les pelouses sont vertes, les arbres resplendissants mais la présence humaine étrangement absente. Pourquoi ce choix ? Une exigence du cahier des charges municipal ? Une volonté à ne pas inciter la population à se prélasser sur les pelouses ? Le respect absolu au droit à l’image ? C’est à cette version du droit d’auteur que se retranche le Maire. Ce qui ne l’empêche pas, en tant que Directeur de publication de Montrouge Magazine, de diffuser les portraits de nos concitoyen-ne-s (avec leur autorisation ? ) sans scrupule juridique particulier. D’autant qu’il est possible de photographier des personnes sans les reconnaître. Question d’angle.
Une autre réponse, plus profonde, est à trouver dans une conception aseptisée de la notion de square : tout y est d’équerre, carré, rectiligne, épuré, propre, rationalisé, arithmétique. Les pelouses sont interdites, les allées goudronnées ou dallées, le pas du promeneur guidé. Les jeux d’enfants circonscrits dans des aires réservées, réglementées. Hors des sentiers battus point de salut ! L’ascétisme est de rigueur. L’austérité et le calme un règlement intérieur. Un esthétisme de l’œil asocial. Un lissage contre les aspérités humaines. Nous sommes loin d’une conception festive et familiale du square comme lieu de pique-niques, de rencontres, d’échanges, de manifestations culturelles et musicales... A croire que la réalité est déconnectée de la communication municipale ou... l’inverse !
Forte instructive, la brochure municipale nous apprend que la superficie des espaces verts est ainsi passée de 4,7 hectares il y a dix ans à 8 hectares aujourd’hui. Moralité, les ZAC poussent comme des champignons et c’est la nature locale qui s’en trouve préservée ! Mais que comptabilise-t-on au fait ? Les surfaces goudronnées ? Les places de parking ? Les allées de service ? Les zones inaccessibles (parterre de fleurs, pelouses interdites, bassins aquatiques...) ?...
En outre, n’y a t il pas confusion des genres entre un jardin d’immeuble, un square public et une aire de jeux pour enfants ? Si d’un côté le jardin répond a des normes urbanistiques pour les riverains, l’aire de jeux contient des revêtements et des structures difficilement qualifiables de squares.
La somme des surfaces des 15 squares totalise 51076 m2 soit tout juste 5 hectares. En deçà des 8 hectares déclarés. Mais par espaces verts, la Municipalité intégrerait-elle les jardins des particuliers (certes nombreux mais peu public) ? Les pelouses synthétiques (mais vertes) des stades ? Les espaces verts de Schlumberger ? Le "domaine" de Villelouvette ? Les balcons fleuris ? Une visite au cadastre s’impose...
Du cadastre au terrain militaire, la transition est facilitée quand on s’attarde aux citations sensées illustrer les noms de baptême des squares tels que Schuman, Renaudel, avenue de la Marne, Maurice Arnoux, Gabriel Péri. Un coup de feu retentit, l’offensive allemande, conflit mondial, combattu dans les guerres, fusillé comme otage. Ces brides ne sont pas extraites d’un livre d’histoire sur les guerres. Vous lisez bien une brochure sur les squares de Montrouge. L’ordre militaire n’est jamais loin : morale, devoir, honneur constitue le message inconscient de ce triptyque subliminal. D’ailleurs, certaines sources semblent sûres : association netmarine.net dont le but est "le développement et la diffusion de l’information militaire maritime française sur l’Internet". Garde... à vous dans les squares !
Il était une fois, des squares à Montrouge, dignes de ce nom. Chaque square proposait une activité différente. L’un l’écoute de contes la nuit, l’autre rythmait par l’ambiance musicale de groupes locaux, celui-ci rassemblait amis et familles pour des repas improvisés, celui-là invitait au débat critique sur un thème donné... Un square n’est pas un élément de propagande. Il a une vocation écologique et sociale. Il est un lieu de vies. Un espace de partage et de solidarité. Il est une parenthèse temporelle, une aire de repos et de tranquillité, un territoire publique de communication. C’est donc aux personnes, habitant-e-s de Montrouge ou passagers d’un jour, de s’approprier cet espace public afin d’organiser des évènements, des animations festives et conviviales. Approprions-nous les squares de Montrouge avant qu’ils ne soient définitivement vides... de sens.
je me permets de vous écrire un petit peu suite à votre article.
vous avez totalement raison sur le fait que les pelouses sont essentiellement interdites au public et que les espaces verts sont peu nombreux et en plus plutôt goudronnés.
néanmoins je me permets juste de dire que le square qui se trouve à côté de l’église et de la mairie me semble vraiment beau et j’ai vraiment plaisir à m’y promener et à regarder les parterres de fleurs à chaque saison renouvelés. et même si cela semble peut être un peu trop structuré et clean je le trouve vraiment sympatique et quand il fait beau je me mets sur la pelouse.
merci d’exister et de nous faire réfléchir.
Effectivement, le square Schumann (deux fois cités sur le site Internet vieillissant de la Ville, jouxtant l’église Saint-Jacques (si mes souvenirs sont bons) est agréable. Comme d’autres aussi, notamment, le square Jules Ferry. Euh, que dis-je ! Robert Doisneau pour le « rebaptème ». Entre parenthèse, Ferry n’aurait-il plus la côte ?
Le square Schumann bénéficie d’un retrait paisible par rapport à la rue Gabriel Péri, axe routier important dans Montrouge. En outre, 3 espaces distincts mais continus agrémentent ce square : la partie « jeux d’enfants » et sa fameuse gloriole, l’allée centrale derrière l’église et le contre-bas de roches avec parterres à fleurs et arbustes. Des bancs permettent de s’y reposer, de lire, de discuter à l’abri des voitures (immeubles et église servent de remparts). Notons les façades arrières des immeubles à dimension humaine de la rue Sadi Carnot.
Ce square a bénéficié d’une opération d’animation publique intéressante : « les jardins littéraires ». Pourquoi ne pas développer ce genre d’initiatives tout au long de l’année et sur des thèmes variés : exposition (photo, sculpture…), musique, théâtre de rue (ou de square) ?…
Si un collectif d’habitant-e-s souhaite organiser un moment festif, pourquoi ne pourrait-il pas le faire dans un square, sous couvert de respecter les lieux et de ne pas « porter atteinte à l’ordre public ».
Les squares sont des lieux publics pas seulement de passage. Ils doivent refléter une vie sociale et solidaire. Et pas simplement des chiffres de superficie pour campagne environnementaliste à visée électorale.
A nous d’être force de propositions…
C’est vrai que la verdure accessible se fait rare.
Quant aux squares restants, ils ne sont guère accueillant.
A l’image de la place Emile Cresp où siège la plupart du temps une bande de racailles, quadrillant littéralement le secteur (rue gillon, place émile cresp et alentours)... ça donne pas envie de faire jouer ses enfants là-bas.
Merci de votre contribution même si votre second paragraphe me coupe l’herbe sous le pied. Précisément l’expression "bande de racailles".
L’article "Ces squares qui cachent la forêt ! " visait à interroger l’écologie urbaine, notamment le plan com’ local : suffit-il de planter des arbres ici, de se vanter de tels balcons fleuris par là... pour développer une politique environnementale ?
Mais se limiter à l’axe environnementaliste ne peut faire abstraction des interactions humaines (d’où cet appel à réinvestir les squares comme espace social). Il s’agit bien de co-habitation dans un cadre de vie agréable.
Notez que l’écologie politique est un "Mouvement visant à un meilleur équilibre entre l’homme et son environnement naturel ainsi qu’à la protection de celui-ci" (Le Petit Robert - 2000). Homme-Femme et environnement y sont en interaction. Qu’ils-elles soient grands, petits, verts, rouges, en short, en pantalon, avec une voix rauque ou douce... Autant de différences qui forment la richesse du milieu.
Par l’appellation "racaille", vous qualifiez une "Populace méprisable". Toujours d’après mon Petit Robert 2000. Un double mépris à mon sens. Encore faudrait-il discuter avec ces jeunes pour savoir s’ils sont si méprisables que cela (j’en doute). Expliquer le fait que ces jeunes (à moins que vous ne fassiez allusion à un groupe de personnes âgées ? ) se regroupent sur cette fameuse place Emile Cresp.
Comme quoi l’environnement est également social, économique, culturel, psychologique...
Dernière remarque, une place n’est pas un square. A la différence de ce dernier, l’espace y est découvert. Offrant davantage de liberté.
Anecdote personnelle : j’ai joué avec mes enfants sur cette place avec des jeunes qui s’y trouvaient. Un bon souvenir de foot...
Je vois que le mot racaille vous a titillé...
J’habite tout près de cet endroit. J’y ai vu des traffics et des va-et-vient plus ou moins bizarres, des dégradations, des interventions de la BAC, des bagarres... Peut-être que vous avez pu y jouer avec vos enfants car ces gens-là ne sont pas encore trop pourris et respectent un minimum les familles... Mais si vous êtes un ados ou un jeune adulte, certains jours il vaut mieux marcher tête basse.
Quant à cette complaisance vis-à-vis de ces jeunes, je n’aime pas. J’ai vécu dans une cité avant d’être ici. Rien, je dis bien RIEN n’excuse ces comportements... Qu’on arrête de montrer du doigt la société, l’économie, etc. Je connais beaucoup de banlieusards qui ont vécu dans la difficulté et qui n’ont jamais fait de connerie. Malheureusement les jeunes sont élevés dans un laxisme ambiant dévastateur, sans parler des cultures dangereuses comme celle du hip-hop que je qualifie de "racaille attitude". Un bel avenir en perspective !...
Je dénote dans vos propos cet esprit soit-disant d’ouverture, gauchisant, se voulant ultra-tolérant et libertaire... Je sais, vous allez me qualifier du contraire (esprit de droite...). Si je ne suis pas porté sur la politique, il y a une chose sur laquelle je suis intransigeant c’est la sécurité ! Donc effectivement sur ce sujet, je me situe à droite. Je ne suis pas tolérant et libertaire au point de baisser mon froc et me faire enc*lé (désolé de ce terme cru) ou me faire marcher dessus. La complaisance envers ces racailles m’écoeure (peut-être ai-je trop vécu en cité et suis déçu de retrouver cette ambiance dans une ville plutôt calme).
Merci de prolonger le débat. D’autant que vous avez de la suite dans les idées... et que mon "opinion" évolue ! Quand je vous écrivais que la richesse nait de l’interaction ;-)
Effectivement, on ne peut se suffir de propos anti-libéraux pour "excuser" les comportements incivils que vous citez. Ni de tout accabler sur cette "crise économique" qui met sur le carreau bon nombre de cette "racaille" évoquée. Mais ne balayons non plus tout d’un revers de main (qu’il soit de droite ou de gauche, libertaire ou libéral ;-). La délinquance financière ne m’atteint moins dans la mesure où elle ne se situe pas en bas de mon immeuble. Or, force est de constater que le débat sécuritaire est plus axé sur la délinquance de quartier que celle des hautes sphères financières avec tous les paradis qui vont avec. Il faut dire que dans cette délinquance là touche le pouvoir économique...
Vous avez entièrement raison en n’acceptant pas des actes d’incivilités (vols, injures, dégradations...). Nous aurons l’occasion d’en reparler : Nico nous prépare un texte sur le livre de Thierry Jonquet "Jours tranquilles à Belleville". En plein dans la problèmatique que vous évoquez. Ou comment à force d’avoir laissé pourrir une situation le FN a fait campagne sans affiches, ni tracts. Mais en se nourissant d’une situation sociale qui se dégradait "en bas d’un immeuble". D’un quartier. C’est Belleville mais aussi Montrouge et pas mal d’autres communes malheureusement.
Quant aux étiquettes que vous me collez (j’aime le "soit-disant"), j’en fais une collection ;-)
Au plaisir co-constructif...
Du débat sur les espaces verts on arrive très vite à celui sur la sécurité. Je suis, malheureusement, d’accord avec votre constat. Plusieurs squares de Montrouge sont squattés par des bandes d’adolescents très agressifs, racistes et antisémites. J’ai tenté de faire l’expérience du dialogue avec ces personnes (et je suis du genre Monsieur tout le monde, père tranquille avec ses gamins) : au bout de 30 secondes ils ont tenté de me frapper et le dialogue est devenu bagarre ! C’est la première fois que j’en venais aux mains depuis l’école maternelle !! Ces adolescents deal, boivent de l’alccol, détruisent les jeux pour enfants et insultent et frappent les commerçants et habitants. Je crains que nous soyons arrivés à un point de non retour. J’aurais aimé conserver l’idée d’un dialogue possible mais... il faut se résoudre à sévir. La sécurité n’est ni de gauche ni de droite. Et appeler la police quand on est frappé par des voyous n’est pas une attitude fasciste.
Ce lundi 7 juin 3 ados ont agressé un restaurateur rue Anne de Gaulle en lui brisant une chaise sur la tête !! Une bande de 6 à 10 ados terrorise la rue Théophile Gautier en agressant là aussi les commerçants (casses et vols) et les habitants (insultes antisémites, agressions physiques) . Faites appel à la police systématiquement, signalez-le fermement au Maire. Cela est préférable à la création de milices privées...
Au total ce sont une trentaine d’individus connus des services de police qui font naître un fort sentiment d’insécurité dont on connait les conséquences en termes de votes. Réagissons sans honte IMMEDIATEMENT. Un quartier ou une ville se transforme très rapidement en zone difficile. L’action appartient à chacun.
Bonjour à tous,
Je suis Montrougien et je viens de découvrir ce site que je trouve parfois interessant mais pour certains débat inutile !!
Pour commencer, je suis montrougien depuis plus de 20 ans, ayant fait ma scolarité ici, j ai vu Montrouge bien changée, évoluée etc...
Concernant les débats sur les squares, il est vrai que ya de moins en moins d’espace vert mais il faut comparer ce qui est comparable et si on regarde les communes proches, je trouve que c est qd meme Montrouge qui est la ville la plus verte. (je ne parle pas de sceaux, clamart et de boulogne qui possedent des bois).
Par contre sur le débats de la sécurité, c’est tjrs le meme problème... alors ya des "boulets" de la société comme partout et faut pas me sortir la tirade entendu mille fois "c’est la société qui a fait ca".. moi je viens d’une Cité et j’ai bcp de camarade qui vivait ds des quartiers et cité difficle mais si on veux on peux s en sortir...
Moi j ai jamais eu aucun problème avec ces voyous car c est en montrant qu on a peur d eux qui vont en profiter... alors un conseil pour les Montrougiens... c’est en ayant la tete haute, ne pas avoir peur de les regarder dans les yeux que ces MERDES ne bougeront pas..
Merci a tous !
Alfgus Montrougien dans l’ame !
Merci Alfgus pour votre contribution.
Effectivement, Montbouge a pour vocation d’être "agitateur d’idées". De présenter notre commune, territoire de vie, de naissance, de profession, de loisir, de solidarités.... sous un autre regard. Différent la seule sauce municipale (et notamment via sa communication dite apolitique). Nous ne nous cachons pas nos propos purement politiques, dans le sens "vie de la Citée". Et non de parti politique (nous ne sommes attachés à aucune chapelle même si des valeurs communes nous animent).
Concernant les squares de la ville, l’article pointe une vision hygiéniste, ornementale et "sécuritaire" (le terme est certes fort) des squares. D’où l’invitation à profiter de ces espaces publics pour en faire des lieux de convivialité libre (ce qu’ils sont aussi) et de points de rencontres pour évènements (marché de Noël, pique-nique géant, concert...).
Quant aux M.... évoquées, cela me fait toujours de la peine d’entendre ou de lire des réactions violentes (même si après la prévention, l’accompagnement, des mesures de justice sont nécessaires, notamment par la répression comme ultime solution). A moins que les M.... majuscules concernent les crottes de chiens et de chats...
Juillet 2004 ,le square des Etats Unis vient lui aussi d’avoir des magnifiques panneaux "Pelouses Interdites" !!!!!!!!!! si au moins c’était des panneaux, "Pelouses au repos" je comprendrai
Pourquoi avoir de la Pelouse si personne ne peut s’asseoir dessus, ou jouer !!! surtout l’été !!!!
Aller vendons le square des Etats Unis à un promoteur !!!!!!! au moins nous serons pourquoi nous ne pouvons pas nous asseoir sur la pelouse.