Partageons des jardins
A Montrouge, l’espace vert est privatif : sur les 38 hectares que comptent notre commune, 8 seulement sont publics ! La dernière tendance municipale est de faire pousser des jardins d’angle [1]. La conception des squares répond à une logique géométrique, aseptisée, rectiligne, à l’esthétisme hygiéniste [2]. Il est temps d’impulser une autre politique porteuse de valeurs sociales et écologiques. Les jardins partagés répondent à cette quête de sens.
Une pâle couleur verte locale
Montrouge fut terre maraîchère. Les plus anciens d’entre nous s’en souviennent. Le Sud de notre commune comptait également des « jardins ouvriers » qualifiés également de « jardins familiaux » [3]. Mais la pression immobilière accueillie à bras ouvert par l’actuelle municipalité a eu raison de ces jardins collectifs. Y compris des ouvriers ! Or, des initiatives, pour certaines intégrées dans un programme de développement durable (tel qu’il pourrait figurer dans notre Plan Local d’Urbanisme – mais ne rêvons pas !), font pousser de petits espaces végétaux au cœur des villes. On les appelle les « jardins partagés ». Ne les cherchez pas, ils n’existent pas à Montrouge. Et pourtant, ils seraient préférables à la politique actuelle consistant à créer des jardins d’angle ou à faire pousser des champignons… d’immeubles.
Graines d’éveil
A New York dès 1970, des habitants de Manhattan décident de mener de véritables batailles pour squatter les terrains délaissés. Ils créent des jardins communautaires autogérés [4]. Pour Laurence Baudelet de l’association Graine de Jardins, chargée de fédérer les initiatives du réseau francilien des jardins partagés, "les modes de gestion varient d’un jardin partagé à l’autre et surtout ils
évoluent dans le temps en fonction des personnes. Un même jardin qui se trouvait sous la férule d’un petit potentat local peut devenir un modèle de démocratie à l’occasion d’un changement de régime... Ce sont avant tout des groupements humains qu’il ne faut pas idéaliser.
Mais il est vrai que beaucoup des personnes qui s’intéressent à ce mouvement des jardins partagés ont envie d’une gestion plus collective, d’un partage du projet et des parcelles. Il existe une dimension d’expérimentation sociale et citoyenne dans ces jardins. Certaines expériences ont été très réussies sur ce plan." Et de préciser les valeurs véhiculées autour du tryptique gagnant "
solidarité, convivialité, respect de l’environnement".
Le concept fleurira à Lille pour essaimer rapidement dans toute la France. Paris recense une dizaine de jardins partagés dont quatre issus sur les terres de nos cousins du 14ème [5].
Jardins urbains
Jardin de proximité, animé par une association locale proposant des activités collectives de jardinage, le jardin partagé a vocation d’éducation, d’insertion et de création de lien social intergénérationnel. Il contribue à valoriser les ressources locales en tissant des relations avec d’autres structures : associations de riverains, établissements scolaires, centres de loisirs, maisons de retraites, commerces de proximité…
D’un point de vue écologique, le jardin partagé est un formidable terrain d’expérimentation pour la pratique bio et, pourquoi pas, pour la culture à partir de semences anciennes voire rares [6]. Il participe ainsi à la biodiversité en milieu urbain et à la présence végétale dans la ville. Lieu de tranquillité, il est source d’une véritable qualité de vie.
La ville de Paris, à travers son programme « Main Verte » [7], a mis en place une charte pour la création de jardins partagés. L’association partenaire s’engage à respecter différents points (ouverture au public, convivialité de l’espace, communication externe, règles de fonctionnement, gestion du site, assurance, bilan) en échange de quoi la ville de Paris propose un accompagnement méthodologique, une convention d’occupation et d’usage, une expertise technique et des conseils, un programme de cours de jardinage.
Cultivons nos différences
Pour Laurence Baudelet de Graine de Jardins, si un groupe d’habitants souhaite se lancer dans l’aventure, il importe de "repérer un ou des terrains disponibles, élaborer un projet, présenter le projet aux élus compétents, au conseil de quartier." [8]
Et si à la place du projet d’immeuble néo classique de la Franco Suisse dénaturant le cadre de vie d’un quartier, tel que celui qui se prépare à l’angle de la rue Amaury Duval et de la rue Louis Rolland, un jardin partagé voyait le jour pour la plus grande joie des habitants du quartier et des enfants de l’école Amaury Duval ? Une alternative originale pour cultiver notre différence par rapport à la politique urbaine actuelle. Chiche…
D’autant qu’à l’heure des consultations sur le Plan local d’urbanisme de notre commune [9], notre municipalité pourrait favoriser l’implantation et la pérennisation de jardins partagés. Comment ? Réponse détaillée par Laurence Baudelet : "Une municipalité ou une structure intercommunale peut décider de mettre en oeuvre une politique publique en faveur des jardins partagés. C’est ce qu’ont fait Paris, Le Grand Lyon, Montpellier, Nantes, Lille... Cela suppose de mettre en place un cadre avec une Charte et de se donner les moyens humains d’accompagner le développement des jardins sur le territoire. Ce sont des services municipaux et/ou des associations qui sont missionnés pour le faire. Les Jardins partagés du fait de leur caractère d’espace naturel, peuvent être inscrits dans un PLU en zone naturelle, c’est-à-dire non constructible." A semer auprès de nos édiles locaux...
[1] Lire l’article "Au coin de la Villa Leblanc". Ce type d’angle de jardin est en fait à vocation purement "esthétique". Heureusement, le jardin d’angle Basch/Floquet est, quant à lui, ouvert. Signalons que face à la maternelle et à l’école Buffalo, des jeux pour enfants existent. Espérons que le projet de jardin côté Barbusse/Jean jaurès, actuellement un parking, nous réservera une bonne surprise dans ce quartier "populaire" montrougien...
[2] Lire l’article "Ces squares qui cachent la forêt ! ".
[3] Lire l’article "Souvenirs d’une nonagénaire : jardins ouvriers et congés payés".
[4] D’après l’encyclopédie libre Wikipédia sur le « Jardin communautaire », "alors que les associations de jardins familiaux, ou jardins ouvriers, distribuent des parcelles à cultiver, les jardins communautaires restent indivisibles. Les cultures, potagères ou d’agrément, sont décidées en commun et exploitées en commun. Dans certains jardins communautaires le jardinage peut être une activité secondaire liée à l’animation de la vie sociale d’un quartier ou d’un réseau de personnes (concerts, débats, conférences, cinéma de plein-air, pique-niques, échanges de savoirs, fêtes locales...)."
[5] Squares Auguste-Renoir (rue des Mariniers) et Chanoine Viollet (angle de la rue du Moulin Vert et de la rue Hippolyte Maindron), Zac Didot et Alésia-Montsouris (dit jardin de l’Aqueduc).
[6] Consultez à ce sujet l’association Kokopelli. Et soutenez-la à la suite d’un procès qu’elle vient de perdre. Militant pour la libération des semences et de l’humus, autrement dit la défense de la biodiversité, cette association a été condamnée ainsi que son Président par la cour d’appel de Nîmes pour avoir vendu des semences non inscrites sur le registre national ! L’association s’est pourvue en cassation et veut porter plainte contre l’Etat français devant la Cour européenne de justice. Pour tout savoir sur le sujet, consultez la lettre d’explication.
[7] A consulter : le programme « Main Verte » sur le site de la Mairie de Paris.
[8] L’urbain jardinier intéressé trouvera des informations très utiles sur le site du « Jardin dans tous ses états ».
[9] Lire notamment "Enquête sur le PLU : 100% des répondants ont donné leur avis".
bonjour,
L’idée de faire des jardins partagées est formidable.
Ou en est le projet ?
je suis prête à collaborer
Brigitte
Une promenade dans les jardins partagés pour donner envie de créer ces jardins à Montrouge sur ce blog