L’Afrique à Bièvre
Montbouge compte un lecteur sympathisant et organisateur d’un festival de cinéma africain porté par l’association "Afrique sur Bièvre". De Bièvre à Montrouge, en passant par Cachan et Arcueil, il y a une histoire de filiation. Entretien avec Jacques Bosc, Montrougien et délégué général du Festival.
Le regard vif, le verbe à l’accent chantant (du sud de la France), Jacques Bosc, ex parisien de la Porte d’Orléans vit à Montrouge depuis 9 ans. Ce jeune retraité dynamique est co-organisateur du festival "Ciné Regards Africains" qui se déroulera à Cachan et à Arcueil, dans le cadre de la Semaine de la solidarité internationale, du 17 au 25 novembre 2007.
Montbouge : Comment est né ce projet de festival cinématographique sur l’Afrique ?
Jacques Bosc : Il y a deux ans, un ami, Yves Ballanger, m’a dit : "j’en ai un peu ras le bol, que chaque fois que l’on parle de l’Afrique, on l’associe à clandestin, faux papier, immigré, etc, l’Afrique c’est aussi une culture. Et le cinéma africain a beaucoup de mal à exister. J’ai envie de faire un festival de films réalisés par des Africains. Tu m’aideras ?" Eh bien, j’ai dit oui.
Mb : Quels sont les objectifs recherchés à travers ce festival ?
J. B. : Ils peuvent se résumer dans une phrase : de si loin nous viennent les cinémas d’Afrique, si proche leur regard sur le monde. Partant de cette réflexion qui synthétise bien l’état d’esprit des membres actifs d’Afrique sur Bièvre, l’association créée pour porter ce projet, nous souhaitons faire découvrir, au plus grand nombre de personnes, les œuvres des réalisateurs africains. Si le cinéma, réalisé par des hommes et des femmes dont les racines sont africaines, est porteur d’Afrique, il est aussi porteur du monde, de notre monde.
Mb : Quelles ambitions se fixe l’association porteuse de ce Festival ?
J. B. : Afrique sur Bièvre a pour ambition de promouvoir, plus particulièrement, les films d’Afrique Noire et Océanienne et de participer ainsi au développement de leur production rendue fragile par un contexte de pauvreté et la rareté des financements occidentaux. L’objectif est de faire exister sur nos écrans ce regard aussi singulier qu’indispensable que portent les cinéastes africains sur notre monde à tous. A travers ce festival, nous souhaitons initier un événement culturel fédérateur, en relation avec les forces vives locales, qui portent l’Afrique au coeur de leurs projets.
Mb : Quel travail d’accompagnement est proposé auprès des habitants ?
J. B. : Une séance sur les quatre que nous organisons est réservée aux enfants des écoles de Cachan. Trois centres sociaux existent sur la ville de Cachan, nous travaillons au plus près avec eux, ainsi qu’avec d’autres associations communautaires ou de solidarité particulièrement actives. Nous voulons en effet que le plus grand nombre de familles aient envie d’aller voir les films que nous avons sélectionnés. De plus pour compléter ce travail de terrain, nous avons arrêté une politique tarifaire attractive, la soirée d’ouverture est en entrée libre, les deux autres sont à tarif très bas (deux films pour 6,50 euro au maximum).
Mb : Pourquoi ce festival a-t-il lieu à Cachan ?
J. B. : Le noyau dur de l’équipe vit et est impliqué dans la vie locale depuis très longtemps. La ville de Cachan à laquelle nous avions fait part de notre projet nous a proposé, à la mi-juillet, de mettre en œuvre une préfiguration de ce festival, pour la mi-novembre, dans le cadre de la Semaine de la solidarité internationale. C’est elle qui assure le financement. Malgré ce délai incroyablement court pour monter un tel projet, nous avons décidé de relever ce défi.
Mb : Quelle est l’implication bénévole nécessaire pour monter un tel
festival ?
J. B. : Une forte implication des membres actifs, une dizaine, dans la vie politique et associative de la ville de Cachan, une grande curiosité pour tout ce qui touche de près où de loin le cinéma et l’audiovisuel. Mon ami, Yves Ballanger qui assume les fonctions de président de notre association, est un cinéphile averti. Tout petit, je suis tombé dans le bouillon « image ». J’ai depuis toujours fait de la photo et du cinéma dans mes temps libres. Professionnellement, j’ai produit de nombreuses émissions pour la télévision éducative, piloté plusieurs projets centrés sur le développement et l’accès aux images.
Mb : Quel est le programme de ce festival ?
J. B. : Quatre séances, huit films dont trois courts-métrages. En projetant « Camp de Thiaroye », nous rendons hommage à un pionnier du cinéma africain Ousmane Sembène (1923/2007) en présence de son fils Alain ; un film malien inédit pour la soirée d’ouverture "Faro, la reine des eaux" ; une avant-première "Il va pleuvoir sur Conakry" en présence du réalisateur Cheik Fantamady Camara…
Les projections vont se dérouler au cinéma La Pléiade à Cachan le 17, le 20 et le 22 novembre, et à l’espace municipal Jean Vilar à Arcueil le 24 novembre. Nous voulions ouvrir le festival sur une autre ville, le directeur de Jean Vilar nous a chaleureusement accueilli et pris à sa charge tous les frais liés aux projections dans sa salle.
Pour en savoir plus, pour connaître tout le programme et les informations pratiques, consultez la plaquette "Semaine de la solidarité internationale" de la ville de Cachan.